Alors que le coronavirus a surgi dans notre vocabulaire quotidien en 2020, la Covid-19 faisant même son entrée dans nos dictionnaires, la résilience a été LE maître mot de la communication des entreprises l’année dernière, sans que l’on sache toujours précisément ce que recouvre ce mot.

Rappelons que ce terme vient d’abord de la physique, pour caractériser la capacité d’un matériau à absorber l’énergie d’un choc en se déformant. Il a ensuite été utilisé en médecine et en psychologie, popularisé notamment par le neuropsychiatre Boris Cyrulnik, pour désigner la capacité à se reconstruire physiquement ou psychiquement, suite à un traumatisme. Faire preuve de résilience désigne ainsi notre aptitude à faire face à des bouleversements et à rebondir, pour continuer à vivre, mais différemment. Cela nécessite de mettre en œuvre un travail volontaire, plus ou moins long, qui permet de traverser une épreuve et d’en ressortir renforcé.

Il semble donc effectivement que cette définition puisse assez bien caractériser ce mécanisme d’apprentissage que nous avons tous, individuellement et collectivement, mis en œuvre depuis plusieurs mois. Nouveaux modes de travail avec le télétravail. Nouveaux modes d’interactions avec le digital. Nouveaux modes de management avec le management hybride. Nouvelles façons d’organiser nos activités, en utilisant la complémentarité des lieux de travail. Et, parfois, développement de nouvelles activités.

Véritable levier de développement des compétences, la résilience nous a permis de développer nos capacités digitales, d’innovation, d’adaptation, de communication, d’autonomie, de résolution de problèmes, de prise de décision, de gestion de l’équilibre de vie, etc…

L’évolution impressionnante du niveau de maîtrise technique, du niveau de confiance et de l’état d’esprit des managers qui suivent mes formations en est une bonne illustration.

La question est maintenant de savoir comment capitaliser sur toutes ces compétences développées.

Pour qu’une situation professionnelle soit « apprenante », les experts de la formation estiment que celle-ci doit s’inscrire dans une approche « réflexive », consistant à analyser et comprendre ce qui sous-tend son action, dans un contexte de travail réel. Comment on effectue son travail. Quels choix, arbitrages, décisions mettons-nous en œuvre pour mener à bien notre action. Savoir faire n’est qu’une étape de la construction de la compétence. Pour pérenniser cette compétence et pouvoir la transférer à d’autres activités ou d’autres contextes, il faut aussi comprendre et pouvoir formaliser ce qui permet de savoir bien faire.

C’est pourquoi il est particulièrement recommandé en 2022 de prendre le temps d’organiser à tous les niveaux des partages et retours d’expérience pour prolonger le mouvement et construire durablement un modèle de développement et de travail différent.

3 conseils pour faire preuve de résilience

  • Prendre des temps de réflexion et de déconnexion.

Porter attention à ce qui est en train de changer. Si nous restons concentrés sur ce qui est difficile ou ce qui va mal, nous risquons d’ignorer les aspects positifs et passer à côté des points d’amélioration.

Les collaborateurs et les équipes ont été – et sont toujours – particulièrement sollicités.  Il est urgent qu’ils sachent prendre le temps de déconnecter.

Des études en neurosciences ont démontré que les temps de déconnexion, notamment pas le sommeil, nettoient notre cerveau des toxines, facilitent les connexions neuronales et accélèrent la production de neurones.

  • Rester dans l’action, d’un point de vue physique aussi bien que mental.

Les apports des neurosciences mettent en évidence les bienfaits du sport, non seulement dans la gestion du stress, mais aussi dans la production de neurones et le développement de la plasticité du cerveau, indispensables aux processus d’apprentissage et d’adaptation.

De même, être curieux, apprendre, s’adapter favorise la plasticité cérébrale.

  •  Organiser la proximité, le soutien et l’échange.

Cette période à la fois brutale, complexe et anxiogène a eu un impact sur les vécus personnels et professionnels de l’ensemble des collaborateurs. Nous nous sommes tous questionnés sur nos modes de vie et de travail, mais aussi sur nos priorités.

Bien évidemment, ces vécus restent très contrastés d’une personne à l’autre, car même si la résilience n’est pas inscrite dans nos gènes, certains facteurs biologiques, psychologiques, sociaux et culturels peuvent influer son intensité.

Il en est ainsi de la qualité des relations dans la sphère professionnelle, où le soutien managérial et les pratiques RH favorisant les échanges sont des facteurs clés de succès. Citons notamment les politiques de tutorat, le mentoring, l’accompagnement des collaborateurs en périodes d’intégration et de prise de poste, mais aussi la mise en place de cellules d’écoute.

Les recherches montrent que le cerveau ne peut inventer qu’à partir de ce qu’il connaît, en faisant des liens, des connexions. Dans un contexte où il faut apprendre à faire différemment, il est extrêmement important de nourrir notre cerveau.  Le travail collectif, le dialogue, les contacts sont des sources d’inspiration. En cela, les réseaux d’échange de pratiques et les projets collaboratifs sont des moyens extraordinaires d’innovation.

Apprendre à gérer nos énergies 

Pour faire face aux multiples sollicitations, il nous faut adapter notre niveau d’énergie aux activités ; Comme un variateur de lumière, inutile d’être à fond sur tout, tout le temps. Certaines activités ne requièrent qu’une lumière tamisée.

En parallèle, utiliser la motivation comme source d’énergie, en commençant par ne pas démotiver, par donner du sens à ce que l’on fait et pourquoi on le fait, mais aussi en s’appuyant sur les motivations des collaborateurs et des équipes, et en reconnaissant le travail accompli puisque… pas d’envie sans plaisir.

Le saviez-vous ? La plasticité de notre cerveau n’est pas une question de gènes. Différents exercices permettent de l’exercer et de la développer, à tous les âges. Alors exerçons-nous !